mercredi, mars 10, 2010

Agostino ou l'impossible amour




Un jeune garçon de 13 ans, pas encore adolescent. Sa mère, riche et très belle femme qui le câline et le cajole à longueur de journée. Venise, l'été. Noir et blanc. Un homme arrive et charme la mère. Le garçon se sent rejeté. Il rencontre au cours d'interminables après-midi un groupe de jeunes voyous dont le manque d'éducation va justement faire la sienne. Il sera question de sexualité et d'une découverte qui aboutira en fin de parcours à une demande.

Agostino*,
de Mauro Bolognini, date de 1962. Fort d'une carrière riche et trop méconnue, le réalisateur sortait à l'époque d'une collaboration avec Pasolini, et on peut sentir l'influence du poète italien sur ce film d'une rare beauté.

Ingrid Thulin rayonne dans le rôle d'une mère trop proche de son fils, et qui s'accroche à son petit homme, ou plutôt à l'idée qu'elle se fait de lui. Paolo Colombo, dans son unique rôle, fait preuve d'une grande subtilité. Son jeu est naturel et riche. Sans dialogue, il communique les affres de sa conscience. Rarement le passage à l'âge adulte d'un jeune garçon aura donné l'occasion d'un portrait aussi touchant.

Cette demande, qu'Agostino formule à la toute fin du film, est belle et simple. "Traites-moi comme un adulte", demande-t-il à sa mère. Le visage résigné de cette dernière en dit long sur le chemin qu'elle aussi a parcouru en l'espace de quelques jours d'été. Entre temps, Agostino a appris la réalité de l'amour physique (sans toutefois la connaître) et a perdu son innocence.

A la toute fin du film, alors que la voix off nous annonce qu'Agostino aura encore des épreuves difficiles à passer, on sait que sa vision des femmes sera marquée à jamais par cette mère si belle et si tendre. Proche et inaccessible.

* la magnifique partition du film est signée Carlo Rustichelli.