vendredi, avril 30, 2010

Les vieilles stars du cinéma de retour à Hollywood




Des classiques du cinéma sur grand écran en plein centre d'Hollywood ? C'était l'événement de la semaine passée à Los Angeles, lors de la toute première édition du TCM Classic Film Festival. Du 22 au 25 avril, une large sélection de longs et courts métrages étaient présentés en plein centre de la Mecque du cinéma américain. Avec des invités de prestige (Martin Landau, Tony Curtis, Eva Marie Saint, Ernest Borgnine, Anjelica Huston,...) et des projections de films restaurés dans de belles copies, c'était une occasion unique de redécouvrir des œuvres mythiques. Et pour cela le mythe était au rendez-vous : 2001, l'odyssée de l'espace, Le Bon, la brute et le truand, Une étoile est née, La Mort aux trousses, Sunset Boulevard, et beaucoup d'autres chef d'œuvres étaient présentés.



Avec des salles pleines et une nouvelle édition d'ores et déjà annoncée pour l'année prochaine, le succès était au rendez-vous. Ce qui peut paraître surprenant, quand on sait que la plupart de ces films sont disponibles en DVD et ont déjà été vus et revus. Ce qui a attiré les foules était bien évidemment la perspective de voir ces classiques sur grand écran et avec un public enthousiaste et passionné. Ici, pas de sonnerie de portable ou de voisin bavard. Une même passion pour le cinéma. Et surtout la possibilité d'assister à des discussions, avant ou après les films, avec des acteurs, réalisateurs ou autres intervenants de prestige, qui venaient raconter avec des anecdotes parfois croustillantes, comment ces films ont été faits.


Martin Landau, Anjelica Huston, Ben Mankiewicz au festival TCM 2010 (crédit photo : Mark Hill, TCM)

Ce fut notamment l'occasion d'une discussion entre Martin Landau et Eva Marie Saint, juste avant la projection de La Mort aux trousses, d'Alfred Hitchcock, ainsi qu'une rencontre avec le spécialiste des effets spéciaux Douglas Trumbull, qui venait parler du 2001 de Kubrick, pour qui il a conçu la fameuse StarGate sequence. Il en a profité pour donner son avis sur la mode actuelle de la 3D* et parler de son travail actuel avec Terrence Malick.



A signaler aussi une projection de Péché mortel (Leave her to heaven, 1945), magnifique polar en couleurs de John M. Stahl, dans lequel Gene Tierney campe avec maestria une séduisante déséquilibrée. Darryl Hickman, l'acteur qui jouait le jeune garçon dont le personnage de Tierney souhaite vivement se débarrasser pour être seule avec son amoureux, était présent à l'issue de la séance. Il raconta que l'actrice restait dans son personnage y compris en dehors du tournage et qu'elle n'avait pas été très agréable avec lui (il avait 13 ans à l'époque). Il sortit de la fameuse séquence de baignade dans le lac, dont l'eau était glaciale, avec une pneumonie. Il parla aussi du sort réservé aux enfants acteurs, et de la force de caractère qu'il leur fallait pour résister aux pressions énormes qui s'abattaient sur leurs frêles épaules. Il annonça avec humour le montant colossal englouti dans la psychanalyse qu'il avait dû entreprendre...


Samedi soir, la grande salle du Grauman's Chinese Theater (1100 places) était envahie par les fans nostalgiques de la grande époque de John Travolta, pour une projection animée de La fièvre du samedi soir (John Badham, 1977). Le réalisateur donna quelques éléments clés quant à la fabrication du film, qui demanda beaucoup de travail pour les séquences dans le night-club, et dont le succès étonna complètement le studio qui l'avait produit. Le reste fait partie de la légende.



Enfin, dernier jour dimanche, et conclusion en apothéose avec l'avant-première nord-américaine de la nouvelle édition de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Le film, projeté en numérique, était accompagné d'une partition originale du Alloy Orchestra, groupe spécialisé dans l'accompagnement des films muets, dont les percussions se mariaient à ravir avec les images en noir et blanc de cette œuvre séminale du cinéma allemand. Les précieuses minutes supplémentaires retrouvées récemment en Argentine donnent une nouvelle richesse au film. Si Metropolis a tant influencé l'histoire du cinéma, c'est bien sûr à cause de ses décors futuristes, ses personnages hors du commun (la femme-robot), mais aussi pour le jeu de Brigitte Helm, qui passe d'un personnage à l'autre avec une aisance stupéfiante.

Une telle initiative, venant d'une chaîne câblée américaine, donne confiance quant à l'avenir du cinéma et si la moyenne d'âge des intervenants dépassait largement la cinquantaine, le public, lui, était de tous âges. Espérons que les rumeurs actuelles d'une édition parisienne de la manifestation soient fondées.

Jean-Christophe Manuceau

* signalons au passage un passionnant article de Roger Ebert sur la 3D, intitulé Why I Hate 3-D (And You Should Too), merci Christophe !

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