jeudi, juillet 29, 2010

Du Silence et des ombres




Deux figurines en savon représentant une petite fille et un petit garçon, une vieille montre qui fonctionne toujours, des gouaches, des pièces de monnaie, des billes, un sifflet, autant d'objets sortis d'une boîte en bois. Des enfants qui dessinent un oiseau. Une page qui se déchire. C'est le magnifique générique d'ouverture du film de Robert Mulligan, peut-être son plus grand, To Kill A Mockingbird, chez nous, Du silence et des ombres.

A cette époque (1962) où il y avait encore des génériques d'ouverture, dans le meilleur des cas, ils remplissaient une double fonction : donner le titre du film ainsi que le nom des interprètes et des techniciens, mais aussi et surtout, révéler d'emblée le cœur du film : son thème, son enjeu, son âme.

Stephen Frankfurt, crédité pour ce merveilleux générique, a su capter l'essence du film à la perfection. Quand le dessin de l'oiseau est déchiré, c'est l'innocence de l'enfance qui se trouve menacée, un danger encore inconnu qui rôde, une violence contenue mais bien réelle qui pointe. Ce n'est qu'à la toute fin du film que l'on peut comprendre réellement cette séquence de moins de trois minutes.

Si ce film est devenu l'objet d'un culte aux Etats-Unis, s'il est montré dans les écoles, si toutes sortes de personnalités le citent comme source d'influence, ce n'est bien entendu pas uniquement à cause de son générique. Alors, on pourra citer un excellent roman de Harper Lee ayant servi de base pour le scénario d'Horton Foote, une prestation inoubliable de Gregory Peck dans le rôle d'Atticus Finch (qui sera récompensé par l'Oscar), des enfants d'une rare justesse, et une partition d'une rare beauté d'Elmer Bernstein.

Cela fait beaucoup pour un seul film, mais à la réflexion, c'est bien de ça dont sont faits les chefs d'œuvres.