mercredi, mai 27, 2009

Sam Raimi rend hommage à Schifrin et Morricone




Dans son dernier film, Drag me to hell (Jusqu'en enfer), Sam Raimi utilise deux bandes-originales, et on ne peut que le remercier. Il s'agit de Rock Ballad (Unused Theme from The Exorcist) de Lalo Schifrin, et Non Rimane Piu Nessuno d'Ennio Morricone.

La question est de savoir à quel moment ces morceaux apparaissent dans le film. Une deuxième vision sera sûrement nécessaire... En attendant, il est intéressant de noter la provenance de ces pistes rares. Le Morricone est une petite comptine toute douce extraite de L'uccello dalle piume di cristallo, un giallo pur souche de Dario Argento, datant de 1970.

L'autre morceau est une petite ballade mélancolique, piano et cordes, sur fond de basse-batterie, du plus bel effet, rescapée du score rejeté par William Friedkin pour son Exorciste de 1973.

Alors amour du contre-emploi ? Esprit de contradiction ? Nul doute que Sam Raimi s'est bien amusé à caser ces petits bijoux dans son film, par ailleurs effrayant, histoire de mieux nous surprendre.

mercredi, mai 20, 2009

John Barry sous les mers



Toute une génération d'adolescents a été traumatisée par cette simple image. Il ne s'agit pourtant que d'une actrice, en l'occurrence Jacqueline Bisset, dans un film d'action sous-marin un peu désuet.

Réalisé par Peter Yates, plus connu pour le mythique Bullitt, The Deep (Les grands fonds en VF) s'ouvre par une séquence de plongée dans les eaux tempérées des Bermudes, pendant laquelle l'actrice ne porte que ce T-shirt blanc en guise de combinaison. Quelques années plus tard, l'actrice elle-même s'est bien gaussée dans la presse de ce qui a été perçu comme l'incarnation de l'érotisme exacerbé ("After filming The Deep (1977), all they talked about was my tits for the next four years. God, if I was going to do a picture like that, I'd have done it a lot sexier. That looked like two fried eggs on a platter.")

Mais ce n'est pas le seul attrait de ce film narrant les aventures d'un couple de plongeurs explorant une épave, dont les trésors sont également convoités par des truands locaux. La musique de John Barry, majestueuse, accompagne comme un ballet les séquences d'exploration, et amplifie les dangers rencontrés. Notons qu'elle reste moins mémorable que celle qu'il a composera pour Raise the Titanic trois ans plus tard.

Si les connections avec Les dents de la mer sont nombreuses (Peter Benchley a écrit les deux films, et Robert Shaw les interprète), le traitement musical reste bien différent. John Williams s'amuse à suggérer, créant comme à son habitude un leitmotiv dont il use et abuse pour jouer sur les nerfs du spectateur. Barry, lui, reste fidèle à son style ample et lyrique, qui donnera bientôt naissance à deux BO mythiques : The Black Hole et Somewhere in Time.

Quant à Jacqueline Bisset, considérée à l'époque de The Deep comme "la plus belle actrice de tous les temps" par le magazine Newsweek, elle poursuit tranquillement sa carrière éclectique avec des rôles au cinéma (Save the last dance 2) et à la télévision (Nip/Tuck).

jeudi, mai 14, 2009

Smorgasbord !




Ultime film réalisé par Jerry Lewis en 1983, Smorgasbord * (aussi connu sous le nom de Craking Up et T'es fou, Jerry ! en France), défie tout sens critique. Son humour, totalement ravageur, signale un génie, quoique capricieux, mais qui montre encore de belles étincelles. Le scénario se limite à un simple argument, prétexte à une série de gags ininterrompue. Jerry, éternel gaffeur, déclenche des catastrophes partout où il passe. Il cherche à se suicider, ce qui déclenche d'autres catastrophes. Il rend donc visite à un psy, qui va tenter de diagnostiquer son "mal".

Comme dans le buffet suédois qui a donné son nom au film, il y a ici à boire et à manger. Lorgnant parfois vers le Peter Sellers de la Panthère Rose, l'humour de Jerry Lewis est un mélange savant de grimaces, de situations, de sons et de cartoon. Certains gags sont excellents, d'autres tombent complètement à plat. Anachronique en 1983 (année du Retour du Jedi et de Flashdance), Lewis envisage le cinéma de la même façon que dans les années 60, période de son épanouissement en tant que réalisateur. Comme si les vieilles formules faisaient toujours recette, ce qui ne fut pas le cas à l'époque, le film ayant été sous-exploité et Lewis n'étant plus à la mode. Pourtant, Smorgasbord est drôle, notamment lors de la séquence d'ouverture, où le personnage n'en finit plus de glisser dans une pièce entièrement plastifiée.

Récompensé à la dernière cérémonie des Oscars par le Jean Hersholt Humanitarian Award, Jerry Lewis est désormais davantage reconnu dans son pays pour ses activités caritatives que pour sa carrière d'artiste. A 83 ans, il reste plus populaire en France. Invité au dernier Festival de Cannes pour annoncer la sortie l'année prochaine d'un film intitulé Max Rose, qui sera réalisé par Harry Inglee, il n'a pas manqué de faire le pitre, avec force mimiques irrésistibles, propos provocants et décousus, et un gag improvisé consistant à vider intégralement une bouteille d'eau sur la moquette d'un palace en pleine conférence de presse !

L'acteur interprètera un vieil homme qui surmonte la disparition de son épouse grâce à l'amour de sa fille, tout en revisitant les grands moments de sa vie.

Jerry Lewis espère que le film sera retenu dans la prochaine sélection cannoise. Notre rêve de cinéphile serait surtout de voir un jour son film perdu, The Day The Clown Cried, réalisé en 1972, l'histoire tragique d'un clown capturé par les nazis.

* projeté en mai 2009 à la Cinémathèque Française.