mercredi, octobre 07, 2009

The Killing of Sister George




Qui est Robert Aldrich ? Bien connu des cinéphiles, ce nom est moins évocateur pour le grand public, lequel a pourtant plébiscité en son temps ce cinéaste américain dont certains films ont battu des records d'entrées et marqué profondément la mémoire collective. Les plus connus dans une filmographie imposante - En quatrième vitesse (1955), Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), Les douze salopards (1967) - masquent quantité d'autres œuvres passionnantes, que la Cinémathèque Française a eu le bon goût de projeter à l'occasion d'une rétrospective intégrale.

Cinéaste caméléon, dont chaque film dévoile un peu plus la richesse d'inspiration, Aldrich est avant tout un artiste engagé, dont les films, tels des coups de poings, assènent une vision du monde dépourvue de filtres. Peu enclin aux compromis, quitte à se faire virer d'un studio (comme ce fut le cas sur le tournage de The Garment Jungle, 1957), il était le pionnier d'une certaine façon de filmer que les jeunes turcs du Nouveau Cinéma des années 70 développeront par la suite.

En bouleversant les codes et conventions, en abordant de front des sujets dérangeants, en prenant parti pour des personnages tour à tour laids, grotesques, mauvais, courageux, magnifiques, désemparés, Aldrich est surtout un cinéaste de l'humain, dans toute sa complexité.

Ayant abordé de nombreux genres cinématographiques, du western au film de guerre, du drame intimiste au film de sport, du polar au peplum en passant le thriller, Robert Aldrich aime aussi profondément le cinéma, dont il traite plus ou moins directement dans quatre grands films : Le Grand couteau (1955), Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), Le Démon des femmes (1968) et Faut-il tuer Sister George ? (1968).

On s'attardera sur ce dernier, petit bijou empoisonné, qui mériterait comme c'est le cas aujourd'hui pour Le Démon des femmes, une réédition en bonne et due forme.

June Buckridge, surnommée "George", est la star d'un feuilleton TV anglais sur le déclin, dont les producteurs ont l'intention de se débarrasser en provoquant l'accident mortel de son personnage. George ne l'entend pas de cette oreille et décide de se battre pour garder son rôle. Femme d'âge mûr, elle partage sa vie avec la jeune "Childie", avec laquelle elle entretient une relation trouble, empreinte de soumission et de masochisme. Childie supporte de moins en moins les crises de sa maîtresse ainsi que son alcoolisme envahissant et finira par quitter ce nid plutôt destructeur.

Descente aux enfers d'une actrice sur le déclin, plongée dans l'intimité d'un couple homosexuel, le film avait choqué à sa sortie et garde quarante ans plus tard tout son pouvoir de subversion. Rarement le thème de l'homosexualité féminine aura été traité d'une façon aussi émouvante et dérangeante. En mêlant les rires aux larmes, Aldrich parvient à donner à ses personnages une épaisseur hors du commun. Rien de moins qu'un grand film, à découvrir en import DVD.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dear Author jacquesclouseau.free.fr !
It is remarkable, rather valuable piece