mercredi, décembre 19, 2012

Le Hobbit : du nouveau avec de l'ancien



Il est rare de nos jours d'aller voir un film pour la rupture technologique qu'il apporte plutôt que pour ses qualités propres. C'est pourtant ce qui a motivé l'achat d'une place au prix fort dans un cinéma concurrent de mon circuit habituel (en l'occurrence le Pathé Wepler dans le 18e arrondissement de Paris) afin de découvrir le nouveau film de Peter Jackson : Le Hobbit : un voyage inattendu.

Il s'agit effectivement du premier film grand public à être tourné en 3D et en HFR (High Frame Rate), un procédé qui double le nombre d'images par secondes. Si les premières projections d'extraits du film en 48 images/secondes au mois de juillet dernier avaient provoqué la nausée chez certains spectateurs, il fallait juger sur pièce.

Comme le montre bien ce site, la différence entre les deux vitesses de tournage est flagrante : des contours plus nets, des mouvements très fluides, suppression de l'effet de flou quand un sujet se déplace à grande vitesse. Résultat : une image presque clinique, tellement précise qu'elle permet de voir le moindre détail (et les éventuels défauts).

Alors, comment est-ce que cette technologie s'adapte au cinéma ? Comment dépasser cette impression de captage vidéo ultra-réaliste pour s'immerger dans un univers fictif ? C'est toute la problématique de ce Hobbit, qui, lors des scènes d'intérieurs ou de dialogues donne l'impression d'assister à une sitcom, et qui, à la faveur de scènes d'action spectaculaires, stupéfait par la lisibilité de ses images.

Sans parler de l'immersion sonore totale du nouveau procédé Dolby Atmos, qui apporte "la verticalité du son" via la bagatelle d'une soixantaine d'enceintes disséminées dans toute la salle, notamment au-dessus du spectateur.

Cela fait des années que le grand Douglas Trumbull, génie des effets spéciaux (2001 : A Space Odyssey), cherche à augmenter la définition des images cinématographiques. Son procédé Showscan des années 80 était une tentative courageuse pour y arriver. Il milite maintenant ardemment pour le HFR et a réussi à se mettre dans la poche des réalisateurs comme James Cameron et Peter Jackson. Le premier a annoncé qu'il allait tourner les suites d'Avatar en 60 images/secondes. Le second travaille sur la post-production des deux suites du Hobbit, qui devraient contenir davantage de scènes d'action pures.

Alors, quelle impression ? Mitigée donc, sans parler du fait que le film de Peter Jackson souffre de problèmes de rythme et de longueurs qui font parfois retomber l'attention. Ce n'est peut-être pas le meilleur film pour juger cette technologie, et on attendra les suites pour se faire une autre idée.

Enfin, le gros avantage du HFR, c'est que la 3D passe comme une lettre à la poste, même après cent soixante-neuf minutes de projection. Et cela, c'est déjà énorme.