jeudi, décembre 17, 2009
Le cinéaste John Hughes tire sa réverence
Le réalisateur américain est mort le 6 août 2009 à l'âge de 59 ans. Connu pour ses portraits touchants d'adolescents, John Hughes avait mis un terme à sa carrière de réalisateur en 1991 pour se concentrer sur l'écriture de scénarios.
Avec des films comme The Breakfast Club (1985), et La Folle Journée de Ferris Bueller (1986), John Hughes était le spécialiste d'un genre appelé le teen movie, à une époque où cela ne rimait pas encore avec vulgarité et régression intellectuelle. Il y développait un sens aigu de l'observation et une capacité étonnante à décrypter les émotions contradictoires de jeunes adultes en devenir.
En 1994, il décide de changer de vie, part vivre à la campagne et refuse toute interview. Il se concentre sur l'écriture de scénarios, parfois sous le pseudonyme d'Edmond Dantès, en hommage au célèbre personnage d'Alexandre Dumas.
C'est ainsi qu'il devient le spécialiste des comédies familiales, en lançant notamment la série des Maman, j'ai raté l'avion, mais aussi Beethoven ou Les 101 Dalmatiens version ciné.
Les années 2000 ne seront pas ses meilleures, presque chaque projet étant signé Dantès. Citons le calamiteux Les Visiteurs en Amérique. Devenu alors fermier dans l'Illinois, le cinéma n'était plus au centre de ses intérêts.
John Hughes avait commencé sa carrière dans la publicité, puis avait travaillé comme rédacteur dans le fameux magazine satirique National Lampoon, avant de réaliser en 1984 son premier film, Sixteen Candles, qui fut un succès immédiat.
Son décès d'une crise cardiaque, le 6 août 2009, alors qu'il se promenait dans Manhattan, a déclenché une vive émotion aux Etats-Unis, où ses films des années 80 sont devenu cultes.
mercredi, octobre 07, 2009
The Killing of Sister George
Qui est Robert Aldrich ? Bien connu des cinéphiles, ce nom est moins évocateur pour le grand public, lequel a pourtant plébiscité en son temps ce cinéaste américain dont certains films ont battu des records d'entrées et marqué profondément la mémoire collective. Les plus connus dans une filmographie imposante - En quatrième vitesse (1955), Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), Les douze salopards (1967) - masquent quantité d'autres œuvres passionnantes, que la Cinémathèque Française a eu le bon goût de projeter à l'occasion d'une rétrospective intégrale.
Cinéaste caméléon, dont chaque film dévoile un peu plus la richesse d'inspiration, Aldrich est avant tout un artiste engagé, dont les films, tels des coups de poings, assènent une vision du monde dépourvue de filtres. Peu enclin aux compromis, quitte à se faire virer d'un studio (comme ce fut le cas sur le tournage de The Garment Jungle, 1957), il était le pionnier d'une certaine façon de filmer que les jeunes turcs du Nouveau Cinéma des années 70 développeront par la suite.
En bouleversant les codes et conventions, en abordant de front des sujets dérangeants, en prenant parti pour des personnages tour à tour laids, grotesques, mauvais, courageux, magnifiques, désemparés, Aldrich est surtout un cinéaste de l'humain, dans toute sa complexité.
Ayant abordé de nombreux genres cinématographiques, du western au film de guerre, du drame intimiste au film de sport, du polar au peplum en passant le thriller, Robert Aldrich aime aussi profondément le cinéma, dont il traite plus ou moins directement dans quatre grands films : Le Grand couteau (1955), Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), Le Démon des femmes (1968) et Faut-il tuer Sister George ? (1968).
On s'attardera sur ce dernier, petit bijou empoisonné, qui mériterait comme c'est le cas aujourd'hui pour Le Démon des femmes, une réédition en bonne et due forme.
June Buckridge, surnommée "George", est la star d'un feuilleton TV anglais sur le déclin, dont les producteurs ont l'intention de se débarrasser en provoquant l'accident mortel de son personnage. George ne l'entend pas de cette oreille et décide de se battre pour garder son rôle. Femme d'âge mûr, elle partage sa vie avec la jeune "Childie", avec laquelle elle entretient une relation trouble, empreinte de soumission et de masochisme. Childie supporte de moins en moins les crises de sa maîtresse ainsi que son alcoolisme envahissant et finira par quitter ce nid plutôt destructeur.
Descente aux enfers d'une actrice sur le déclin, plongée dans l'intimité d'un couple homosexuel, le film avait choqué à sa sortie et garde quarante ans plus tard tout son pouvoir de subversion. Rarement le thème de l'homosexualité féminine aura été traité d'une façon aussi émouvante et dérangeante. En mêlant les rires aux larmes, Aldrich parvient à donner à ses personnages une épaisseur hors du commun. Rien de moins qu'un grand film, à découvrir en import DVD.
lundi, août 03, 2009
Psycho : de l'original à la copie
L'idée semblait au premier abord complètement ridicule. Réaliser un remake d'un classique de l'horreur, Psycho (1960), un film considéré aujourd'hui comme un des plus marquants de son auteur, Alfred Hitchcock. Une œuvre parfaite, comme on parle d'un crime parfait, dont chaque élément est à sa place : musique, jeu des acteurs, réalisation, montage. Hitchcock avait rempli son objectif, qui était de faire un bon film avec un petit budget et qui marquerait profondément le public.
Alors, pourquoi refaire Psycho* en 1998 ?
Cette idée un peu folle a germée dans la tête de Gus Van Sant, grand admirateur du film. Son but était de le faire connaître à une jeune génération de spectateurs, allergiques au noir et blanc, et pour qui le nom d'Hitchcock ne dit rien du tout. En partie hommage au cinéaste à l'embonpoint, en partie exercice de style, l'objet de ce remake n'était pas de supplanter l'original mais simplement de l'actualiser. Le découpage, la musique, les dialogues ont été conservés. Du noir et blanc somptueux de John L. Russell, on passe à la couleur de Christopher Doyle. Vince Vaughn remplace Anthony Perkins dans le rôle de Norman Bates, Anne Heche joue Marion Crane et Julianne Moore, sa sœur Lila.
Objet de curiosité, le Psycho nouveau est fait pour être projeté dans un musée, à côté de l'original. On s'adonnera alors avec délectation à l'exercice de la comparaison, en notant les décalages, les divergences. Van Sant s'amuse lui-même à pousser la fidélité à l'original en incorporant les faux-raccords et autres erreurs du film de 1960. Il ajoute également un dialogue trop osé pour l'époque, mais se permet d'incorporer sa marque "d'auteur". Et c'est là que l'on peut se permettre de douter de ses choix : citons en exemple la scène d'ouverture, quand Marion et son amant Sam Loomis (Viggo Mortensen) discutent dans leur chambre d'hôtel, alors que l'on entend les ébats d'un couple dans la chambre adjacente. Cela n'apporte rien au récit. Pire, quand Norman Bates espionne Marion Crane par le trou de son bureau, il se masturbe, ce qui n'était pas du tout le cas dans l'original. Expliciter ce qui n'était que suggéré, voilà bien le travers de notre époque.
D'autres choix posent question : dans la fameuse scène de la douche, Van Sant démarre la musique plus tard, et ajoute des plans de nuages (le leitmotiv du cinéaste). Dans la scène de meurtre du détective privé Arbogast, il ajoute quelques plans très courts sans aucun rapport avec la scène. Une manière comme une autre de s'emparer du matériau et de légitimer l'exercice, en l'occurrence assez stérile au niveau créatif ?
Peut-être.
Force est de constater que la comparaison n'est pas à l'avantage du remake. La performance des acteurs est bien en dessous de l'original. C'est surtout vrai dans le cas de Vince Vaughn, dont le jeu appuyé ne laisse pas beaucoup de doutes quant à l'équilibre mental de son personnage. L'utilisation de la couleur apporte un trop-plein d'informations et à part quelques améliorations techniques, les ajouts de cette nouvelle version sont sans intérêt.
Alors, mauvaise idée dès le départ ? Fort possible. Pourquoi ne pas avoir réédité l'original en faisant une restauration digne de ce nom, comme ce fut le cas pour Vertigo ? Si le Psycho de 1998 n'a pas drainé les foules (contrairement à son prédécesseur), c'est surtout parce que les adolescents d'aujourd'hui sont plutôt friands de films beaucoup plus gores, dans le genre Saw et autres Hostel. Et le rythme assez lent, typique d'un film des années 60, ne pouvait que les décevoir.
Sans parler du fait que voir le remake ne peut que gâcher l'élément de surprise pour celui qui souhaite découvrir l'original.
C'est évidemment le film d'Hitchcock qui restera dans les mémoires, et cet ersatz rejoindra le cabinet des curiosités, avec d'autres freaks du même acabit...
Extraits :
La scène de la douche originale
La même scène dans le remake
* projeté le 2 août 2009 à la Cinémathèque Française de Paris.
vendredi, juillet 10, 2009
The Keep : le Mann à redécouvrir
Deuxième film réalisé par Michael Mann en 1983, The Keep (La forteresse noire) a cumulé les handicaps. Le responsable des effets visuels, Wally Veevers (connu notamment pour son travail sur 2001, l'odyssée de l'espace et Superman) décède en plein milieu du tournage. Puis, c'est le premier montage de trois heures proposé par Mann au studio Paramount qui est refusé. Sorti dans une version d'1h30, descendu par la critique, le film sera un échec au box-office et malgré une sortie en laser-disc, il ne connaîtra jamais les faveurs du format DVD.
Situation bien regrettable tant le film possède de grandes qualités. Projeté au mois de juillet à la Cinémathèque française dans le cadre d'une rétrospective consacrée au réalisateur américain, The Keep raconte les déboires d'une garnison de nazis dont la mission est de garder une forteresse perdue dans les montagnes de la Roumanie en 1942. Décimés par une force mystérieuse qui cherche à se libérer de cette prison, les nazis font appel à un vieux Juif pour tenter de comprendre ce qui se passe.
Si la musique de Tangerine Dream peut paraître datée, si certains effets spéciaux semblent rudimentaires, il n'en reste pas moins que le film possède une réelle atmosphère, une photographie d'une grande beauté et bénéficie de la présence de grands comédiens, dont certains faisaient ici leurs débuts, notamment Gabriel Byrne, mais aussi Ian McKellen et Jürgen Prochnow.
Mêlant thriller et fantastique, le film aborde les thèmes qui parcourent toute la carrière de Mann : l'individualisme forcené, la lutte contre le mal, l'identification de la part de ce mal qui est en nous, l'amour comme porte de sortie. L'appellation de "grand film malade" convient bien à The Keep, ce qui n'empêche pas de l'apprécier en attendant une réhabilitation digne de ce nom.
mardi, juin 09, 2009
The Changeling : petit bijou de l'horreur
Oublions tout de suite le titre français, L'enfant du diable, complètement hors de propos pour ce film, dans lequel il n'est jamais question du diable. Et ne confondons pas non plus avec l'avant-dernier Eastwood, Changeling, avec Angelina Jolie.
D'abord, c'est quoi ce mot étrange, changeling ? Littéralement, c'est un bébé qui est secrètement utilisé pour prendre la place d'un autre bébé. Peut-être les traducteurs français avaient-ils confondu avec The Omen, où le bébé mort-né du personnage joué par Lee Remick était échangé avec le diable en personne.
Dans The Changeling, film canadien de 1980 réalisé par Peter Medak, réalisateur de Romeo is bleeding (1993) et de nombreuses séries TV (dont un épisode de Masters of Horror), John Russell, un compositeur joué par George C. Scott, assiste, impuissant, à l'accident de la route qui tue sa femme et sa fille. Cédant aux encouragements d'un couple d'amis, il s'installe dans la région de Seattle et loue une grande demeure historique, où il compte écrire et se reposer.
Dans cette maison, immense et inoccupée depuis 12 ans, John se trouve vite confronté à des manifestations sonores étranges, et va être contacté par le fantôme d'un jeune garçon, qui cherche à lui livrer son horrible secret.
Ce qui frappe dans ce film d'horreur épuré, c'est le refus des clichés. Les manifestations surnaturelles n'ont pas lieu à la tombée de la nuit mais en plein jour. La peur surgit dans le quotidien et les objets les plus courants deviennent menaçants. A l'instar d'un autre grand film, The Haunting (1963), la suggestion, l'invisible, le traitement du son, marquent plus l'esprit que n'importe quel monstre dégoulinant.
Pourquoi ce film est-il aujourd'hui oublié alors que son influence sur les générations suivantes est indéniable ? Difficile à dire.
Pourtant, il est grand temps de redécouvrir The Changeling en DVD (disponible uniquement en zone 1 pour l'instant) et de s'amuser à noter les filiations involontaires avec le chef d'œuvre de Kubrick sorti la même année, The Shining.
mercredi, mai 27, 2009
Sam Raimi rend hommage à Schifrin et Morricone
Dans son dernier film, Drag me to hell (Jusqu'en enfer), Sam Raimi utilise deux bandes-originales, et on ne peut que le remercier. Il s'agit de Rock Ballad (Unused Theme from The Exorcist) de Lalo Schifrin, et Non Rimane Piu Nessuno d'Ennio Morricone.
La question est de savoir à quel moment ces morceaux apparaissent dans le film. Une deuxième vision sera sûrement nécessaire... En attendant, il est intéressant de noter la provenance de ces pistes rares. Le Morricone est une petite comptine toute douce extraite de L'uccello dalle piume di cristallo, un giallo pur souche de Dario Argento, datant de 1970.
L'autre morceau est une petite ballade mélancolique, piano et cordes, sur fond de basse-batterie, du plus bel effet, rescapée du score rejeté par William Friedkin pour son Exorciste de 1973.
Alors amour du contre-emploi ? Esprit de contradiction ? Nul doute que Sam Raimi s'est bien amusé à caser ces petits bijoux dans son film, par ailleurs effrayant, histoire de mieux nous surprendre.
mercredi, mai 20, 2009
John Barry sous les mers
Toute une génération d'adolescents a été traumatisée par cette simple image. Il ne s'agit pourtant que d'une actrice, en l'occurrence Jacqueline Bisset, dans un film d'action sous-marin un peu désuet.
Réalisé par Peter Yates, plus connu pour le mythique Bullitt, The Deep (Les grands fonds en VF) s'ouvre par une séquence de plongée dans les eaux tempérées des Bermudes, pendant laquelle l'actrice ne porte que ce T-shirt blanc en guise de combinaison. Quelques années plus tard, l'actrice elle-même s'est bien gaussée dans la presse de ce qui a été perçu comme l'incarnation de l'érotisme exacerbé ("After filming The Deep (1977), all they talked about was my tits for the next four years. God, if I was going to do a picture like that, I'd have done it a lot sexier. That looked like two fried eggs on a platter.")
Mais ce n'est pas le seul attrait de ce film narrant les aventures d'un couple de plongeurs explorant une épave, dont les trésors sont également convoités par des truands locaux. La musique de John Barry, majestueuse, accompagne comme un ballet les séquences d'exploration, et amplifie les dangers rencontrés. Notons qu'elle reste moins mémorable que celle qu'il a composera pour Raise the Titanic trois ans plus tard.
Si les connections avec Les dents de la mer sont nombreuses (Peter Benchley a écrit les deux films, et Robert Shaw les interprète), le traitement musical reste bien différent. John Williams s'amuse à suggérer, créant comme à son habitude un leitmotiv dont il use et abuse pour jouer sur les nerfs du spectateur. Barry, lui, reste fidèle à son style ample et lyrique, qui donnera bientôt naissance à deux BO mythiques : The Black Hole et Somewhere in Time.
Quant à Jacqueline Bisset, considérée à l'époque de The Deep comme "la plus belle actrice de tous les temps" par le magazine Newsweek, elle poursuit tranquillement sa carrière éclectique avec des rôles au cinéma (Save the last dance 2) et à la télévision (Nip/Tuck).
jeudi, mai 14, 2009
Smorgasbord !
Ultime film réalisé par Jerry Lewis en 1983, Smorgasbord * (aussi connu sous le nom de Craking Up et T'es fou, Jerry ! en France), défie tout sens critique. Son humour, totalement ravageur, signale un génie, quoique capricieux, mais qui montre encore de belles étincelles. Le scénario se limite à un simple argument, prétexte à une série de gags ininterrompue. Jerry, éternel gaffeur, déclenche des catastrophes partout où il passe. Il cherche à se suicider, ce qui déclenche d'autres catastrophes. Il rend donc visite à un psy, qui va tenter de diagnostiquer son "mal".
Comme dans le buffet suédois qui a donné son nom au film, il y a ici à boire et à manger. Lorgnant parfois vers le Peter Sellers de la Panthère Rose, l'humour de Jerry Lewis est un mélange savant de grimaces, de situations, de sons et de cartoon. Certains gags sont excellents, d'autres tombent complètement à plat. Anachronique en 1983 (année du Retour du Jedi et de Flashdance), Lewis envisage le cinéma de la même façon que dans les années 60, période de son épanouissement en tant que réalisateur. Comme si les vieilles formules faisaient toujours recette, ce qui ne fut pas le cas à l'époque, le film ayant été sous-exploité et Lewis n'étant plus à la mode. Pourtant, Smorgasbord est drôle, notamment lors de la séquence d'ouverture, où le personnage n'en finit plus de glisser dans une pièce entièrement plastifiée.
Récompensé à la dernière cérémonie des Oscars par le Jean Hersholt Humanitarian Award, Jerry Lewis est désormais davantage reconnu dans son pays pour ses activités caritatives que pour sa carrière d'artiste. A 83 ans, il reste plus populaire en France. Invité au dernier Festival de Cannes pour annoncer la sortie l'année prochaine d'un film intitulé Max Rose, qui sera réalisé par Harry Inglee, il n'a pas manqué de faire le pitre, avec force mimiques irrésistibles, propos provocants et décousus, et un gag improvisé consistant à vider intégralement une bouteille d'eau sur la moquette d'un palace en pleine conférence de presse !
L'acteur interprètera un vieil homme qui surmonte la disparition de son épouse grâce à l'amour de sa fille, tout en revisitant les grands moments de sa vie.
Jerry Lewis espère que le film sera retenu dans la prochaine sélection cannoise. Notre rêve de cinéphile serait surtout de voir un jour son film perdu, The Day The Clown Cried, réalisé en 1972, l'histoire tragique d'un clown capturé par les nazis.
* projeté en mai 2009 à la Cinémathèque Française.
lundi, février 02, 2009
Nicolas fait son cinéma
Avec son premier long-métrage, Espion(s), Nicolas Saada traverse à nouveau le miroir, après un court-métrage plutôt réussi (Les parallèles, 2004). Passer de la critique à la réalisation n'est pas chose aisée, et il s'en sort avec les honneurs. De son amour intense du cinéma, il a su garder le meilleur et écarter l'anecdotique. Avec quelques références en tête, notamment Les Enchaînés, d'Hitchcock, il est parti d'un canevas connu (un homme simple embarqué dans des histoires extraordinaires) pour s'aventurer vers un paysage intime et personnel.
Si le film ne brille pas par ses scènes d'action, c'est simplement que l'enjeu est ailleurs. Espion(s) s'attache aux personnages et leur psychologie, et non à leurs baskets. La violence y est abrupte, surprenante, les sentiments à fleur de peau. Si Guillaume Cannet porte le film, c'est surtout Géraldine Pailhas qui éblouit par sa présence et la subtilité de son jeu. Les seconds rôles sont tous excellents.
D'une vision décalée de la capitale anglaise au score surprenant de Cliff Martinez, le film de Nicolas brille par sa singularité et son absence de compromis, à une époque où la gesticulation sans fin de pantins inexpressifs domine les écrans mondiaux (notamment les JB : Bond et autres Bourne).
La critique étant unanimement positive, espérons que le public sera au rendez-vous. Et que Nicolas trouvera le temps, entre deux projets, de nous redonner le plaisir d'écouter le cinéma à la radio, avec cette émission unique dont il a le secret : NFSC.
A bientôt Nicolas.
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