jeudi, mai 14, 2009

Smorgasbord !




Ultime film réalisé par Jerry Lewis en 1983, Smorgasbord * (aussi connu sous le nom de Craking Up et T'es fou, Jerry ! en France), défie tout sens critique. Son humour, totalement ravageur, signale un génie, quoique capricieux, mais qui montre encore de belles étincelles. Le scénario se limite à un simple argument, prétexte à une série de gags ininterrompue. Jerry, éternel gaffeur, déclenche des catastrophes partout où il passe. Il cherche à se suicider, ce qui déclenche d'autres catastrophes. Il rend donc visite à un psy, qui va tenter de diagnostiquer son "mal".

Comme dans le buffet suédois qui a donné son nom au film, il y a ici à boire et à manger. Lorgnant parfois vers le Peter Sellers de la Panthère Rose, l'humour de Jerry Lewis est un mélange savant de grimaces, de situations, de sons et de cartoon. Certains gags sont excellents, d'autres tombent complètement à plat. Anachronique en 1983 (année du Retour du Jedi et de Flashdance), Lewis envisage le cinéma de la même façon que dans les années 60, période de son épanouissement en tant que réalisateur. Comme si les vieilles formules faisaient toujours recette, ce qui ne fut pas le cas à l'époque, le film ayant été sous-exploité et Lewis n'étant plus à la mode. Pourtant, Smorgasbord est drôle, notamment lors de la séquence d'ouverture, où le personnage n'en finit plus de glisser dans une pièce entièrement plastifiée.

Récompensé à la dernière cérémonie des Oscars par le Jean Hersholt Humanitarian Award, Jerry Lewis est désormais davantage reconnu dans son pays pour ses activités caritatives que pour sa carrière d'artiste. A 83 ans, il reste plus populaire en France. Invité au dernier Festival de Cannes pour annoncer la sortie l'année prochaine d'un film intitulé Max Rose, qui sera réalisé par Harry Inglee, il n'a pas manqué de faire le pitre, avec force mimiques irrésistibles, propos provocants et décousus, et un gag improvisé consistant à vider intégralement une bouteille d'eau sur la moquette d'un palace en pleine conférence de presse !

L'acteur interprètera un vieil homme qui surmonte la disparition de son épouse grâce à l'amour de sa fille, tout en revisitant les grands moments de sa vie.

Jerry Lewis espère que le film sera retenu dans la prochaine sélection cannoise. Notre rêve de cinéphile serait surtout de voir un jour son film perdu, The Day The Clown Cried, réalisé en 1972, l'histoire tragique d'un clown capturé par les nazis.

* projeté en mai 2009 à la Cinémathèque Française.

1 commentaire:

zydecojojo a dit…

Super article.
Non seulement Lewis est plus reconnu pour son travail caritatif (le téléthon américain, c'est lui), mais quand on veut se moquer des Français ou de la France aux US, on l'utilise comme prétexte (le pauvre) :
"La France? Ah, le pays qui pense que Jerry Lewis est drôle?"
Comme quoi, le bon et le mauvais goût, c'est très subjectif...