Et si Blade Runner avec piqué ses idées dans un vieux film de science-fiction des années 60 ?
Six ans avant la parution dans son pays d'origine du roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, une petite série B fauchée bénéficiait d'une sortie confidentielle dans les drive-ins et les salles de cinéma spécialisées dans les films d'exploitation. The Creation of the Humanoids (1962), réalisé par un enfant-star devenu réalisateur, Wesley Barry, et écrit par le scénariste Jay Simms (auteur du plus connu sous nos contrées Panique année zéro sorti la même année, avec Ray Milland) est resté inédit en France. Pur produit de son époque, The Creation of the Humanoids s'ouvre sur des images d'explosions nucléaires et montre comment les rares humains survivants de la Troisième guerre mondiale ont construit des robots pour leur permettre de maintenir un haut niveau de vie. Afin de rendre cette vie plus agréable, ils choisissent de donner à ces machines une apparence quasi humaine (peau grise, pas de cheveux et yeux métalliques) et de les doter d'un esprit de déduction logique.
Six ans avant la parution dans son pays d'origine du roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, une petite série B fauchée bénéficiait d'une sortie confidentielle dans les drive-ins et les salles de cinéma spécialisées dans les films d'exploitation. The Creation of the Humanoids (1962), réalisé par un enfant-star devenu réalisateur, Wesley Barry, et écrit par le scénariste Jay Simms (auteur du plus connu sous nos contrées Panique année zéro sorti la même année, avec Ray Milland) est resté inédit en France. Pur produit de son époque, The Creation of the Humanoids s'ouvre sur des images d'explosions nucléaires et montre comment les rares humains survivants de la Troisième guerre mondiale ont construit des robots pour leur permettre de maintenir un haut niveau de vie. Afin de rendre cette vie plus agréable, ils choisissent de donner à ces machines une apparence quasi humaine (peau grise, pas de cheveux et yeux métalliques) et de les doter d'un esprit de déduction logique.
Une organisation pro-humaine, "l'ordre de la chair et du sang", pense que les humanoïdes sont une menace pour la race humaine et qu'ils ont l'intention de les supplanter. L'ordre n'hésite pas à recourir à des actions violentes pour mener à bien leur combat. Lors d'une de leurs réunions, ils apprennent qu'un humanoïde impossible à distinguer d'un humain a, pour la première fois, tué un humain. Ils réclament que tous les humanoïdes soient désactivés et que les robots retrouvent une apparence de machine.
De son côté, le docteur Raven a mis en place une méthode permettant de transplanter la mémoire et la personnalité d'une personne décédée dans le corps artificiel d'un androïde. Les êtres hybrides ainsi créés ne sont pas conscients de leur statut de machine. Petit à petit, le Dr Raven remplace les humains décédés par ces machines.
Cragis, un des leaders de l'ordre de la chair et du sang, rencontre Maxine, une amie de sa soeur, et malgré le fait qu'elle soit opposée à l'ordre, ils tombent amoureux. A la fin du film, ils se rendent compte qu'ils sont eux-mêmes des humanoïdes hybrides créés à partir de leur ancien corps humain (décédé il y a peu, j'espère que vous suivez !).
On leur apprend alors que grâce à une évolution technologique imminente, ils vont pouvoir être les premiers hybrides capables d'enfanter et donc qu'ils vont accéder à une statut de dieu et déesse.
Voilà pour le scénario hallucinant de ce film qui a du mal à briller par d'autres aspects.
De nos jours, les films de genre bénéficient souvent de moyens disproportionnés par rapport à la qualité de leur scénario. Le moindre blockbuster américain se voit doté d'un générique à rallonge, et bénéficie du talent de centaines d'artistes accomplis embauchés pour donner vie à la vision du réalisateur.
L'intérêt de The Creation of the Humanoids est qu'il représente l'exact inverse d'un blockbuster américain (ou autre) : un scénario fascinant mais une réalisation sans idées, des décors en carton-pâte, un manque de rythme, des acteurs au jeu approximatif et/ou figé, des costumes rudimentaires...
Le film, aujourd'hui visible en ligne, fait bien évidemment penser à Blade Runner, le chef-d'oeuvre de Ridley Scott, davantage qu'au roman de Dick. Les points communs sont nombreux : un homme se rend compte qu'il est un créature artificielle, les humanoïdes (appelés Réplicants chez Scott) sont mal considérés par les humains (ce que l'on peut constater aussi dans BR 2049 quand K rentre chez lui). Jusqu'à l'idée troublante que deux êtres artificiels puissent procréer (une idée largement exploitée dans la suite récente), ce qui pourrait à terme menacer la survie de la race humaine.
Alors, Philip K. Dick et Ridley Scott (et ses scénaristes Hampton Fancher et David Webb Peoples) auraient-ils allègrement pompé les brillantes idées de cette petite série B astucieuse et intrigante ? Pas forcément. Le questionnement sur l'essence de l'homme, sa tendance à l'auto-destruction et son salut grâce aux machines sont des thèmes largement abordés par la science-fiction depuis son origine et il n'est pas étonnant que des oeuvres voient leurs sujets se chevaucher. Il reste tout de même troublant de constater à quel point The Creation of the Humanoids, avec ses moyens dérisoires et ses comédiens médiocres, annonce avec une telle prescience non seulement les oeuvres citées à venir mais plus fondamentalement une interrogation existentielle qui pourrait bien hanter le 21e siècle.
Alors, Philip K. Dick et Ridley Scott (et ses scénaristes Hampton Fancher et David Webb Peoples) auraient-ils allègrement pompé les brillantes idées de cette petite série B astucieuse et intrigante ? Pas forcément. Le questionnement sur l'essence de l'homme, sa tendance à l'auto-destruction et son salut grâce aux machines sont des thèmes largement abordés par la science-fiction depuis son origine et il n'est pas étonnant que des oeuvres voient leurs sujets se chevaucher. Il reste tout de même troublant de constater à quel point The Creation of the Humanoids, avec ses moyens dérisoires et ses comédiens médiocres, annonce avec une telle prescience non seulement les oeuvres citées à venir mais plus fondamentalement une interrogation existentielle qui pourrait bien hanter le 21e siècle.